Le divorce, un fléau qui inquiète plusieurs pays arabes
Selon les chiffres publiés quotidiennement, le divorce progresse d’une façon exponentielle dans les pays arabes. En Egypte, 240 femmes sont répudiées à « chaque levée de soleil ». Ainsi, 2.459.000 femmes divorcées sont répertoriées par l’Office central des statistiques. Selon ces chiffres, 34,5% des couples divorcent durant la première année de mariage contre 12,5% au cours de la deuxième année.
En Arabie saoudite, une récente enquête menée par le ministère du Plan, révèle que le nombre des divorces a augmenté de 20% ces dernières années. Les responsables tirent la sonnette d’alarme et estiment que « la destruction de la cellule familiale menace la stabilité de la société dans son ensemble ». Les autres pays du Golfe ne sont pas en reste. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au Qatar, 38% des couples divorcent ; au Koweït, le taux est de 35% ; alors qu’aux Emirats Arabes Unis, il atteint les 48%.
La sociologue et universitaire Hala Mansour regrette que « le divorce devient la solution la plus facile aux difficultés que peuvent affronter les couples. Ces difficultés sont diverses et variées, accentuées par le développement des nouvelles technologies, comme Internet et les télévisions par satellite qui proposent au citoyen arabe un mode de vie occidental très différent du sien… ». L’autre raison qui favorise le divorce est « l’éducation des jeunes, de moins en moins respectueux des valeurs religieuses ». Et d’expliquer que « les jeunes n’accordent plus aucune importance à la famille, qui doit être sacrée… ». Madame Mansour ajoute que « le mariage est devenu pour eux un moyen d’assouvir les besoins sexuels, sans plus. Dès que l’un des deux partenaires ne satisfait plus l’autre, ils divorcent ».
La sociologue ajoute qu’« un autre facteur favorisant le divorce est sans conteste l’âge des couples qui se marient de plus en plus jeunes, alors qu’ils n’ont pas la maturité pour résoudre les conflits. Les interférences des parents et des proches entretiennent les problèmes et conduisent à l’échec. Souvent, les jeunes couples héritent des conflits antérieurs qui opposent leurs familles respectives, notamment concernant la dot, l’appartement familial, les enfants… ».
De son côté, Imane Aouf, directrice du « Centre Ahalina pour le soutien et le développement des familles en Egypte », estime que « la première cause du divorce est la pauvreté galopante dans les sociétés arabes et plus particulièrement en Egypte. La pauvreté engendre des difficultés dans les familles, et finissent par les imploser ».
Reste que les femmes divorcées sont « mal vues dans les sociétés arabes », rappelle le quotidien « Al Seyassah ». À cet égard, il cite le psychologue Naji Jamil, selon lequel « les femmes divorcées sont une proie facile à l’exclusion, à la tristesse et aux tensions ». Le spécialiste souligne que « l’éducation n’aide pas les femmes à affronter ces difficultés. Car le mariage est pour elles l’objectif suprême de la vie. L’échec dans le mariage est ainsi considéré comme la fin », estime le docteur Naji Jamil.
De son côté, le docteur Abdallah Al-Najjar, qui enseigne la Charia et le droit islamique à l’université Al-Azhar, estime que « cette progression du divorce est due essentiellement à l’absence des notions religieuses dans les couples. Dans le passé, l’homme et la femme apprenaient la patience mutuelle et sacralisaient l’union. Aujourd’hui, le mariage sert davantage comme ascenseur social, avec les risques qui en découlent. La femme cherche dans son mariage la richesse de son mari. L’époux cherche à travers sa femme la beauté et l’art qu’il voit sur les écrans de télévision. Après le mariage, ils se réveillent sur une réalité toute différente, et leur mariage se termine par un divorce ».
Une étude faite par le Centre national des études criminelles et sociales prouve que 43 % des cas de divorce se font pour des raisons économiques. 25 % à cause de l’intervention des parents et 12 % seulement à cause de conflits conjugaux. Les chiffres prouvent aussi que 42 % des cas de divorce ont lieu durant les 4 premières années de mariage. Les exemples ne manquent pas. Hala, 29 ans, a quitté sa maison après quelques mois de vie commune. Mariée à l’âge de 27 ans avec un comptable issu d’une bonne famille, elle n’a pas supporté sa conduite. « Il passe son temps à m’humilier, n’assume aucune responsabilité, et le plus grave, je viens d’apprendre qu’il entretient des relations avec d’autres femmes », raconte-t-elle. Si Hala a eu recours au divorce pour des raisons importantes, d’autres couples divorcent après quelques mois de mariage, et parfois quelques jours pour des raisons futiles. Les mariages se sont contractés rapidement et ils finissent dans beaucoup de cas par des divorces précoces.
Dina, une jolie fille issue d’une famille aisée, a rencontré Hossam, par hasard, au bord de la mer à Alexandrie. Un coup de foudre et ils se sont mariés. Ce n’est que quelques mois après leur union qu’ils se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre. « Je ne savais pas qu’il m’avait épousée uniquement pour se venger de son ex-petite amie qui l’a quitté pour un autre », dit Dina, les larmes aux yeux. Beaucoup de projets de mariage tiennent surtout compte des questions d’apparences et ne sont pas mûrement réfléchis. « Il suffit que l’homme soit beau, issu d’une famille honorable et aisé pour que le mariage se fasse en quelques mois, et sans tenir compte de la compatibilité de caractère du couple », analyse la sociologue Fadia Abou-Chéhba. Elle explique que pour l’ancienne génération, il était difficile de rompre une liaison conjugale, car c’était une honte dans la famille de divorcer. Aujourd’hui, beaucoup ne se préoccupent pas beaucoup des conséquences néfastes du divorce et considèrent le mariage comme une expérience comme une autre.
« Etant donné que la femme qui travaille est indépendante financièrement, elle peut opter plus facilement pour le divorce », explique le Dr Abou-Chéhba. C’est le cas de Hoda, 30 ans, employée dans une société privée et qui n’a pu supporter son mari, qui agit en véritable despote. Une étincelle a suffit pour mettre le feu aux poudres. Son mari lui a demandé de lui préparer une tasse de thé alors qu’elle s’apprêtait à faire sa sieste. Une dispute a éclaté, qui a fini par un divorce. Plus simple de divorcer que de se marier par les temps qui courent.
Commentaires